Petite, je regardais les Disney ; parfois, je me rappelais de l’histoire, parfois, c’étaient plutôt des détails qui restaient ancrés dans ma tête. C’est le cas de la tour dans laquelle vivait Merlin l’enchanteur : elle m’avait marqué l’esprit.
J’ai donc construit une tour similaire. Elle aussi était la tour d’un vieux château, une tour bancale qui avait affronté le temps.
Cette tour était tout pour moi ; elle était le lieu où je plaçais toutes mes connaissances, ce que j’avais retenu de mes lectures, mes pensées, mes secrets, et mes trésors. Une chouette y était apparue un jour et nous nous étions liées d’amitié ; elle était douce et calme.
La tour que j’avais construite n’était pas palpable, pourtant elle était faite de pierres et je la voyais clairement dans mon esprit.
On entendait des bruits qui provenaient de l’extérieur depuis la seule petite lucarne. Parfois, c’étaient les musiciens, les gens ; parfois aussi, c’était juste le son du vent ou de la tempête. Ce que je préférais, moi, c’était le chant des oiseaux.
Cette tour, qui avait pris la forme de mes pensées, un jour brûla. Elle s’était légèrement assombrie après le premier incendie, mais il y eut malheureusement un deuxième, puis un troisième, et un quatrième, mais ça, je ne le savais pas encore en écrivant ces lignes. Entre chaque incendie, je prenais mon courage à deux mains et je la retapais. Bien que chaque rénovation me coûtât de plus en plus d’énergie. Jamais je n’avais envisagé l’idée d’abandonner. Cette tour était tout pour moi et je jugeais qu’elle méritait ce travail acharné.
La tour avait tenu à chaque fois, mais les meubles non. La chouette, elle aussi, avait toujours su partir au bon moment à travers la lucarne toujours ouverte. Elle revenait dès que je l’avais remeublée, chaque fois avec un style différent mais très à moi. J’aimais bien ma chouette, je n’étais jamais seule avec elle, on se comprenait.
Les années passèrent, j’y avais installé un bureau en bois massif, une simple bibliothèque d’un bois clair où j’avais ajouté un gros vieux globe. Il y avait aussi un piano dans la galerie qui jouait des airs connus, un peu sporadiquement. Les soirs où je ne m’assoupissais pas sur le canapé, j’allumais une bougie et je commençais à écrire. Le temps passa quand soudain, les premiers rayons entrèrent dans la pièce ; je réalisai soudain le jour, la période, l’heure. Je jetai alors un œil furtif à cette seule fenêtre et, réalisant ce que je venais d’apercevoir, je me retournai alors complètement et je m’approchai de l’ouverture. Des plantes grimpantes fleuries avaient monté les murs, c’était majestueux. Combien de temps cela faisait-il que je n’avais plus regardé à l’extérieur ? Le ciel était bleu, pas un seul nuage à l’horizon, et pourtant le chant des oiseaux y était manquant. Il passa peu de temps jusqu’à ce qu’un nuage puis un autre arrivent, le ciel se faisait de plus en plus gris, puis ce fut la plus grosse tempête que j’aie vue et la dernière que cette tour ait vécue ; nous étions partis, la chouette et moi, avant que l’éclair ne s’abatte sur la tour, provoquant l’effondrement de celle-ci.
Il y a plusieurs théories qui expliquaient l’effondrement de la tour : soit elle avait un défaut de construction au départ, soit elle avait subi déjà trop d’incendies, soit une cumulation de ces deux facteurs et d’autres encore. Peu importe, j’étais dépitée.
Deux choix s’offraient à moi : le premier étant de la reconstruire, le second de partir et de laisser les ruines derrière moi. Je n’avais plus la force de la reconstruire alors je suis partie. Je me suis dit que le format de la tour n’était finalement pas adapté à ma façon de penser ; je l’ai donc définitivement quittée, prenant la chouette avec moi, et je me suis mise en direction de la nature, et de la forêt plus précisément, pour me laisser le temps de réfléchir à quelle habitation serait le mieux adaptée pour y placer mes pensées.
Le fait d’avoir pris l’air m’avait fait tellement du bien, et à la chouette aussi ! Une pensée m’a traversé l’esprit : celle de bâtir une maison vitrée à la lisière de la forêt, mais pour l’instant, l’air libre me faisait trop de bien. Au fond, pourquoi devoir cloisonner ses pensées?
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