Pour une lecture plus fluide, le contexte est important. Je ne vais pas m’étendre mais vous devez savoir deux choses : je suis bipolaire et cette histoire commence il y a un mois, lors de la baisse de ma médication.
A la suite de cette baisse, j’ai assez vite retrouvé mes facultés cognitives. Ma première réaction a été la peur. Comprendre soudain l’entier de ce que les gens disent autour de moi et moi-même formuler des pensées plus complexes était un phénomène qui m’était étranger depuis 14 ans.
J’ai bien sûr appelé ma mère qui m’a sagement calmée. Elle m’a expliqué que je me rapprochais du caractère que j’avais avant la maladie, elle a ajouté que c’était une période où je redécouvrais mes capacités. Pour finir elle m’a dit que je n’avais ni eu le temps, ni la force d’analyser ce qui m’était arrivé. J’ai alors bien dormi cette nuit-là.
J’étais calmée mais pas réellement car je suis consciente qu’une épée de Damoclès est suspendue sur ma tête et que le jour où je la perds, je serai la seule à ne pas le remarquer. J’ai donc eu un appel avec la psy qui elle m’a rassuré pour de bon.
J’avais soudain un élan de vie nouveau et je ne savais pas par où commencer, j’ai donc pris un chemin au hasard et j’ai marché. Ce n’était certes pas le choix le plus judicieux, mais ça je ne le savais pas à ce moment-là. J’ai choisi d’effectuer un travail introspectif, le travail de l’ombre. Le travail de l’ombre a beau découler des théories jungiennes et être très à la mode aujourd’hui dans les milieux de développement personnels, si j’avais été la « moi » d’aujourd’hui à ce moment, mon conseil aurait été : commence par autre chose. Ma foi tant pis.
C’était un dimanche quand j’ai découvert que j’avais vécu un certain type de trauma. Le gout de cette prise de conscience a été fort amer.
Apparemment certaines personnes de mon entourage étaient au courant, mais pour moi la prise de conscience s’est fait lors de la lecture noir sur blanc d’articles.
Ma vie qui jusqu’à ce jour m’avait parue absurde commençait à gagner en sens. Ce sens n’était pas celui que j’attendais car j’ai toujours cherché le beau et là il y avait beaucoup de laideur.
Pour vous expliquer la colère qui s’est ensuivie, je vais faire un parallèle avec un exemple connu de tous : la sieste de 20 minutes qui finit par durer des heures. On s’est assoupi en début d’après-midi et on se réveille a 3h du matin. Non seulement on se rend compte qu’on a loupé tous les rendez-vous de la journée, mais aussi qu’on n’a rien fait de ce qu’on voulait faire. On est à ce moment légèrement énervé.
Même scenario, j’avais 7 ans, je me réveille, j’en ai 35. A cet instant on ne parle pas d’un léger énervement mais belle et bien d’une colère qui prend des mesures disproportionnées. Une colère qui me réveille le matin pour que je puisse jurer dans mon appartement, puis ça n’a plus suffit, il fallait plus, j’avais besoin de crier. Alors j’ai pris le métro à 6 heures du matin en décembre, il faisait noir, je suis allée en direction de la forêt. Arrivée à la forêt j’ai gueulé dans le noir, ça m’a fait du bien.
Cette sorte de colère m’était totalement inconnue, elle demande une énergie folle et ne peut durer qu’une semaine. Le dimanche d’après je m’écroulais.
La raison de l’écriture de ce texte est que la mémoire a une facilité à oublier, le texte pas.
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